PÂQUES AUTREFOIS
- Par laptitemaisonmaltat
- Le 02/05/2020
Cette année 2020, chacun a fêté Pâques à sa manière, une cérémonie à la télévision pour les chrétiens, un dimanche de plus confiné pour les autres, ou un bon repas, des clins d’œil aux amis et parents lointains par smartphone, et pour les enfants, les yeux rivés vers le ciel d’où les cloches, confinées comme chacun, n’ont pas fait tomber les œufs traditionnels.
Pour s’évader un peu, quoi de mieux qu’un saut dans le temps, au temps des Pâques de nos ancêtres bourguignons.
On commençait par faire « le ménage de printemps », puis on observait par tradition les coutumes de la Semaine Sainte :
Le nettoyage en grand de la maison devait occuper les trois premiers jours, vu qu’ils ne comportent aucune obligation ni aucun interdit.
Les festivités commençaient le Jeudi-Saint avec une messe pour les mères de petits enfants qu’elles emmenaient à l’église, avec leurs habits du dimanche et avec un panier d’œufs à la main, afin de faire bénir les uns et les autres. Certaines déposaient un instant leurs bébés sur le Reposoir, le "Paradis", pour leur assurer une bonne santé.
Signalons que ce rite a perduré longtemps encore dans la colonie polonaise de Montceau-les-Mines.
Ensuite venait le Vendredi-Saint, jour de pénitence et de tous les tabous mais aussi de tous les miracles. Qu’on en juge :
Sans aller jusqu’à manger ce jour-là, comme certains, uniquement les « quatre fruits », prunes, pommes, figues sèches et raisins secs, on évitait de voyager, de faire du commerce, de changer de chemise, mais aussi de nourrir les bêtes, de verser le sang, de faire couver, encore moins de faire la lessive ou filer (pour ne pas se percer la main comme celle du Christ…).
Attention au persil qu’on sème ce jour-là : le maître de maison n'en aurait jamais repiqué lui-même, pour ne pas attirer le malheur sur les siens au cas où le persil ne reprendrait pas.
Les œufs n’avaient pas cette réputation sulfureuse. Ceux qui étaient pondus le Vendredi-Saint étaient parés de toutes les vertus : jamais gâtés, ils avaient la réputation d'éteindre les incendies, de faire réussir les couvées, de protéger le cheptel, de garder de la diarrhée, et même de la mort subite si on les mangeait le jour de Pâques.
Les plus anciens d’entre nous se souvenaient encore de la « roulée des œufs » du lundi de Pâques, qu’avaient récupérés les enfants pendant la semaine.
Le Samedi-Saint, on renouvelait sa provision d'eau bénite et le dimanche, on se faisait beau pour la Messe de Pâques.
Ah, le rameau bénit du jour des Rameaux, qu’on agrémentait d’une pomme ou de friandises, tenu fièrement par les petits enfants… Et les chapeaux de paille des dames, inaugurés en l’honneur du printemps pour les Rameaux, qu’il fasse soleil, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige ce jour-là.
Les œufs de Pâques ? Ils étaient faits maison, cuits à dur et décorés à la teinture végétale, stellaire, pelure d'oignon, chicorée, anémone pustille…
Enfin, on passait à table devant les cochonnailles dont on avait été privés pendant le Carême. L’andouille sortie du saloir mangée avec les radis noirs, les « œufs morvandiaux » du Morvan, le jambon persillé, le pâté de Pâques…
Amicie.