La Maison Mantin et les Caves Bertine

DEUX HISTOIRES EXTRAORDINAIRES

Le 6 octobre 2018, nous voilà partis à quelques voitures pour notre habituelle sortie d’automne, à la rencontre de deux curiosités moulinoises, la Maison Mantin et les Caves Bertine. Pour la plupart d’entre nous qui ne connaissaient pas la Maison de Monsieur Mantin et encore moins les Caves dites Bertine, ce fut une belle surprise.

LA MAISON MANTIN

La visite de la Maison, qui jouxte le Musée Anne de Beaujeu et dont l’entrée d’ailleurs se fait dans le hall du musée, a été d’autant plus intéressante que, grâce aux explications de la guide, elle a permis de rétablir la vérité sur le legs du propriétaire qui ne demandait pas de n’ouvrir la maison que cent ans après sa mort, mais de la conserver et l’entretenir de manière à ce que, cent ans après sa mort, elle puisse encore « témoigner du mode de vie d’un bourgeois du XIXe siècle ».

Louis Mantin, né en 1851 dans une famille prospère de fabricants de meubles et de décoration intérieure, avait suivi une carrière d’avocat puis dans l’administration préfectorale avant de se mettre en disponibilité à la mort de ses parents.

La maison paternelle occupait, ainsi que la fabrique de meubles, une parcelle achetée par son grand-père en 1828, sur les ruines de l’ancien château ducal des Bourbons, vendu par lots avant et pendant la Révolution. Louis Mantin ne conserva qu’une partie de la maison et fit bâtir, entre 1893 et1897, sur les plans de l’architecte René-Justin Moreau, une maison pittoresque, typique de la fin du XIXe siècle.

L’intérieur est aussi éclectique que l’extérieur de ce « château-villa », avec ses décors néo-Renaissance, XVIIIe , Restauration, Art Nouveau... Il sert de cadre charmant à une profusion d’objets de toutes époques, tapisseries, meubles, objets d’art, parfois rapportés de ses voyages à l’étranger, cabinet de curiosités, exceptionnel témoignage d’une mentalité de la fin du siècle.

Léguée à la ville de Moulins en 1905 avec obligation de l’ouvrir au public cinq ans après sa mort, la maison fut visitée dès 1910, mais, du fait de la guerre et des problèmes de conservation des collections, elle fut progressivement fermée pendant l’entre-deux-guerres et le resta jusqu’en 2010. Il avait fallu alors trois ans de très gros travaux (dont témoigne une intéressante vidéo, en introduction à la visite) pour restituer le décor de la maison, tel que l’avait voulu Louis Mantin.

LES CAVES BERTINE

Après le XIXe siècle, plongée au cœur d’un mystérieux Moyen Age, avec la visite des « caves Bertine », en réalité un majestueux ensemble de salles situées à proximité de l’Hôtel de Ville, à l’angle des rues Voltaire et de l’Epargne, 3m, 50 au-dessous du niveau du sol.

Découvertes en 2010 par un groupe d’amis, lors de l’achat d’un local commercial, restées ignorées pendant des siècles, elles ont depuis 2012 fait l’objet de recherches d’archives et d’une restauration en profondeur pour nous restituer leur aspect du XIIIe siècle.

Plusieurs opérations de mécénat et un chantier d’insertion ont permis de dégager l’espace (400m3 de terre remontée au seau) et de mettre au jour notamment un atelier de faïencier, mais surtout un vaste ensemble édifié entre 1150 et 1200 : accessible par un important escalier rue Voltaire flanqué de deux salles voûtées en berceau surmontées de tribunes, neuf travées voûtées d’ogives se déploient sur 250 m2, leurs voûtes retombant sur des colonnes cylindriques étayées de colonnettes, le tout coiffé de chapiteaux ornés de motifs végétaux.

D’après les recherches aux archives, les lieux ont sans doute servi de lieu de perception d’impôt seigneurial et de stockage des denrées, avant leur commercialisation par le biais des marchands et bateliers moulinois.

Les Bertine, famille fortunée proche des ducs de Bourbon, ayant racheté la seigneurie à la fin du XIVe siècle, les lieux prirent son nom. La maison qui s’élève rue de l’Epargne reste, avec sa façade à meneaux, le dernier vestige des possessions de cette famille qui possédait une grosse partie du quartier.

Les reconstructions successives ont en partie occulté l’espace primitif des caves mais leur restauration quasiment achevée va permettre de restituer ce lieu exceptionnel et de le mettre en valeur au moyen de manifestations culturelles et d’expositions.

Amicie