Les Crots chauds

LES “CROTS CHAUDS”
À MALTAT ??

Il y a une quinzaine d’années, nombre de ménagères se souvenaient avoir rincé du linge dans un lavoir. Pour elles, la question ne se posait pas. L’hiver, certains étaient recouverts de glace et d’autres non gelés émettaient de la vapeur.

L’étude du bassin thermal de Bourbon-Lancy de J.P. Destombes (15 mai 1954) conclut que Bourbon-Lancy et St Honoré sont sur la même faille thermale qui passe par Maltat. La présence de sources tièdes sur cette ligne n’est pas fortuite, de l’eau thermale se mélangeant à l’eau de source.

En 2002, la p’tite maison s’est fixée pour objectif de faire l’inventaire des “crots chauds” et d’en vérifier l’explication.

S’il y a mélange d’eau douce et d’eau thermale, une analyse chimique doit pouvoir retrouver les traces des minéraux dissous dans l’eau thermale. Un laboratoire contacté répond par la négative. L’eau thermale se refroidissant, les sels peuvent se solidifier et rester sous terre avant que l’eaun’arrive à la source. Il peut aussi y avoir une
minéralisation accessoire en fin de trajet.

Pour un premier constat, on ne peut donc que mesurer la température de l’eau dans différents points tout au long de l’année à Maltat et dans les communes voisines.

Plus de 100 mesures ont été effectuées avec le même thermomètre.

Première constatation, les crots, chauds l’hiver, sont frais l’été. Ils n’ont pas été réchauffés par les eaux thermales.

À la même date, les températures ne sont pas les mêmes partout. Il semble que la température de l’eau varie avec la température du sol ou du sous-sol où elle circule.

En 2003-2004 l’étude est méthodique pour comparer la température de nos sources.

Chaque mois entre le 15 et le 20 sont effectuées dans des points d’eau sélectionnés : 12 à Maltat, 9 dans les communes voisines 3 dans le Charollais. Parmi elles, la température de l’air, celle du lavoir du Pont-de-Sceaux alimenté par un ruisseau, la température de l’eau du robinet venant à environ 1 mètre de profondeur,température de l’eau au fond d’un puits vers 10 mètres de profondeur.

Le lavoir du Pont-de-Sceaux est installé sur le ruisseau du Breuil, sa température suit avec une certaine inertie la moyenne atmosphérique.

Ces 2 températures sont identiques.

La courbe de températures de la Fontaine St Martin correspond à celle de l’eau du puits, donc à celle du terrain à 10 mètres de profondeur environ.

Conclusion

La température des sources “superficielles” peut varier de plus de 15°C au cours d’uneannée. Celle des sources “profondes” varie de moins de 5°C.

En moyenne annuelle, toutes les sources témoins sont plus froides que l’eau du robinet en 2003. On ne peut donc pas parler de sources tièdes.

Les “crots chauds” correspondent en fait à des sources profondes.

Les résultats des mesures dans le Charollais confirment les résultats locaux.

Le crot du capucin, près du chemin reliant le Montot à la Montagne est le plus froid : 11°C en moyenne variant de moins de 3°C au cours de l’année 2003.

L’eau de ce crot provient d’une source profonde.

La fontaine de Totelin ou celle de Sainte Claire à Mont tout comme la fontaine Saint Martin à Cressy, sont aussi très fraiches (de l’ordre de 12°C) avec une température variant peu. Leurs eaux viennent des profondeurs.

La fontaine Saint Martin à Cressy

Les points d’eau dans la plaine de la Somme sont sensiblement à la température des eaux souterraines du bassin de la Loire à Vitry Cronat.

Lavoir de la Vigne Morin à Maltat

Certaines fontaines sont très sensibles à la sécheresse. La Fontaine de la Forge à Maltat était très souvent à sec.

Celle du Pont Gendin, à la sortie du Bourg de Maltat en direction de Luzy, l’était durant l’été2003. La température de l’eau a fortement varié ce qui fait penser à une eau peu profonde.

En janvier 2003, avec -10°C au thermomètre, la Fontaine de la Forge à Maltat était recouverte de glace. Juste à côté, un petit nuage de vapeur émanait du lavoir de la Forge. L’eau était à 9°C.

« Un crot chaud ! » on vous dit.

Ces deux points d’eau très voisins sont donc alimentés par deux sources très différentes.

Pierre Michel